Skip to content
Les SES pour tous

Les SES pour tous

Seul ce que j'ai perdu m'appartient à jamais

  • Actualité
  • Méthodologie
  • Seconde
    • Document cours
    • TD
  • Première
    • Documents cours
    • Première Fiche de cours
    • TD
  • Terminales
    • Documents cours
    • Fiche de cours
    • TD
  • Archives
  • Home
  • La croissance revient, la croyance repart !

La croissance revient, la croyance repart !

Posted on 28 septembre 201816 septembre 2023 By meldregblog Aucun commentaire sur La croissance revient, la croyance repart !
Archives

Après une décennie de faux départs, de vraies erreurs de politique macroéconomique et de spéculations plus ou moins bien fondées sur le retour de la « stagnation séculaire », la croissance économique a retrouvé en 2017 un niveau élevé dans la plupart des régions du monde. Les institutions internationales, européennes et françaises sont formelles : cette tendance va s’accélérer en 2018. Faut-il s’en réjouir ? Tout dépend de ce que l’on sait de la croissance économique et de ce que l’on croit être les véritables défis du XXIe siècle.

La « croissance » désigne l’augmentation du niveau du produit intérieur brut (PIB) à prix constants. Le PIB mesure la production de biens et services échangés sur les marchés et monétarisés au cours d’une période donnée en comptabilisant les flux de revenus, de dépenses ou de valeur ajoutée. Dès lors, par construction, PIB et croissance ne reflètent qu’une très faible part des déterminants du bien-être humain et en aucune façon la soutenabilité de ce dernier.

Le bien-être humain dépasse en effet de loin la consommation de biens et services marchands : il peut s’agir du bien-être individuel – la santé ou l’éducation d’un individu –, mais aussi du bien-être collectif, par exemple la qualité des institutions ou le niveau des inégalités. Il doit être apprécié en dynamique, sous une contrainte écologique de plus en plus forte au XXIe siècle.

Même pour des dimensions élémentaires du bien-être économique telles que le revenu et l’emploi, la pertinence du PIB comme instrument de compréhension et de pilotage des systèmes économiques doit être mise en doute (ainsi observe-t-on des « reprises sans emploi » ou des baisses du revenu des ménages alors que le PIB s’accroît). En somme, le PIB est trompeur quant au bien-être économique, aveugle au bien-être humain et muet sur la soutenabilité écologique. La croyance dans la croissance est soit une illusion, soit une mystification.

On peut, pour s’en convaincre, considérer la situation des Etats-Unis et de la France. Les Etats-Unis sont réputés croître actuellement plus vite que les Etats membres de l’Union européenne et les autres pays de l’OCDE, et connaissent une progression historique du profit de leurs entreprises et de leurs marchés boursiers. Croissance, profit, finance ou la Sainte Trinité de l’illusion économique !

Considérons une autre trilogie – santé, inégalités, institutions – et le chatoyant tableau américain vire au tragique : les données disponibles montrent que les inégalités sociales sont plus élevées aujourd’hui qu’au début du XXe siècle, fracturant sans répit la société américaine et réduisant à néant les espoirs de mobilité sociale ; l’espérance de vie recule, tandis que des pans entiers de la population succombent depuis le début des années 2000 sous le coup du « désespoir social ». Enfin, la confiance dans le Congrès a été divisée par deux depuis le milieu des années 1970, tandis que la polarisation politique, qui atteint des niveaux sans précédent, paralyse la démocratie.

Tout porte à croire que la loi fiscale votée en fin d’année dernière par le Parti républicain va augmenter encore le profit des entreprises, les indices boursiers et finalement la croissance économique, tout en continuant de dégrader les inégalités, la santé et la confiance dans les institutions. Obsédés par la boussole faussée de la croissance, les républicains ruinent le pays : mesurer, c’est gouverner.

La France n’est pas en reste : sur fond d’une croissance « historique » de 2 % en 2017, le pays a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre tout en reniant son engagement légal d’engager une véritable transition énergétique, poursuivi le saccage de sa biodiversité et de son patrimoine naturel exceptionnel, préparé une forte augmentation de ses inégalités au moyen de mesures fiscales et sociales régressives et continué de paupériser et de désorganiser son système d’éducation, de santé et ses territoires, qui sont sans doute les trois sources essentielles de sa prospérité à long terme.

Au secours, la croissance revient ! La question pour 2018 est la suivante : quelle nouvelle régression sociale le gouvernement actuel va-t-il justifier au nom du retour de la croissance ?

De quoi faut-il donc se soucier, sinon de la croissance ? Trois horizons collectifs doivent être remis au cœur du gouvernement de l’économie, qui n’est qu’une facette de la coopération sociale : le bien-être, la résilience et la soutenabilité.

Viser le bien-être consiste à valoriser les véritables déterminants de la prospérité humaine, au-delà des seules conditions matérielles et du bien-être économique (se soucier de la « qualité de vie » et du développement humain). Construire la résilience, c’est s’assurer que ce bien-être humain puisse supporter les chocs à venir (notamment environnementaux), comme l’illustre la question majeure de l’adaptation de nos territoires au changement climatique. Enfin, rendre nos sociétés soutenables, c’est comprendre à quelles conditions le bien-être humain peut se projeter et se maintenir durablement dans le temps, sous une contrainte écologique de plus en plus forte, afin d’en tirer toutes les conséquences ici et maintenant, au plan local comme au niveau global.

Comment rapprocher ces horizons de nous ? En inscrivant le bien-être humain d’aujourd’hui et de demain au cœur des politiques publiques et des institutions, comme vient de le proposer le Sénat, reprenant des propositions récentes de réforme du débat budgétaire.

Le PIB et la croissance n’ont pas été conçus pour mesurer et a fortiori préserver ou augmenter le bien-être humain : ils ne peuvent le favoriser que par accident. Les défis du XXIe siècle sont trop pressants pour que nous puissions nous contenter de croire que ces heureux accidents vont enfin se produire.

 

Eloi Laurent Economiste, professeur à Sciences Po et à l’université de Stanford

https://www.alternatives-economiques.fr/eloi-laurent/croissance-revient-croyance-repart/00084241

 

Related posts:

  1. Quelques éléments pour un synthèse du chapitre sur la croissance
  2. La croissance au deuxième trimestre 2016 revue à la baisse
  3. Fiche cours Croissance
  4. Un printemps meilleur que prévu pour la croissance française

Navigation de l’article

❮ Previous Post: Fiche cours Economie approfondie Chapitre 1
Next Post: Les inégalités de niveau de vie continuent d’augmenter ❯

You may also like

Archives
Le commerce extérieur de la France
26 août 2015
Actualité
Pacte de responsabilité
2 mars 2014
Archives
Carte du monde StatPlanet
8 octobre 2013
Archives
Vitesse de diffusion d’une invention au quart de la population des Etats-Unis
21 octobre 2010

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.

Liens

  • Alternatives Economiques
  • Apprendre avec l'INSEE
  • Banque de donnée de sujets de bac
  • Banque Mondiale
  • Blog de SES
  • Dessine moi l'éco
  • Europa
  • INA
  • INSEE
  • Vidéos
mai 2025
L M M J V S D
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728293031  
« Mar    

Copyright © 2025 Les SES pour tous.

Theme: Oceanly News by ScriptsTown